Depuis l’avènement des premiers moyens artificiels de locomotion, jusqu’à la réalité virtuelle et les voyages spatiaux d’aujourd’hui, l’humain doit continuellement s’adapter à ces nouvelles contraintes sensorielles qui dépassent les normes physiologiques calibrées depuis des millions d’années, sur la base de notre motricité naturelle sur terre. Les accélérations d’un avion de chasse, les voyages suborbitaux, les activités à « sensations » des Parcs de loisir illustrent bien une réelle adaptation de notre cerveau, voire un réel plaisir à en ressentir les émotions qui en découlent. Mais pour certains(es), cela se traduit par un inconfort et des troubles bien connus liés au Syndrome du Mal des Transports ou plutôt des maux des transports, récemment recodifiés par la Barany Society (Cha et al. J Vest Res 2021). Si 2422 ans nous séparent des premières descriptions rapportées à l’Antiquité, le mal des transports persiste avec une limitation fonctionnelle parfois sévère dans ces environnements mouvants (physiquement ou visuellement), avec des questionnements et des conséquences notables dans certains domaines professionnels. Expérimenter une cohorte de nos ancêtres Grecs avec nos moyens de transport modernes d’aujourd’hui serait intéressant pour déterminer le pourcentage de sujets malades et montrer alors une possible adaptation phénotypique voire génotypique… Sans attendre cette utopique expérience, il est intéressant de constater que la proportion de personnes sensibles à la réalité virtuelle (ou plutôt à l’environnement virtuel) peut osciller entre 30 à 80% suivant les symptômes considérés. Cette forte sensibilité interroge déjà sur l’évolution future de l’incidence du Mal des Transports visuellement induit avec l’arrivée massive du numérique dès le plus jeune âge.
Les modèles physiopathologiques n’ont pas évolué ces dernières années et nous constatons que les réseaux cérébraux et leur fonctionnement aboutissant au mal des transports restent une « boite noire » à explorer par les Neurosciences. Les prochaines voitures autonomes, les simulateurs pour la formation, le gaming, le futur réseau Metaverse utilisant la réalité virtuelle ont tous ce point bloquant du Cybersickness qui risque de limiter l’expansion de cette technologie. Ce point bloquant sera peut-être enfin le déclencheur de projets de recherche d’envergure pour comprendre, prédire, et trouver des contre-mesures efficaces.
Elucider les mécanismes du mal des transports visuellement induit ou non, et du mal de débarquement offre des perspectives de développement de traitements des troubles neurosensoriels dans leur ensemble, et du vertige en particulier. C’est dans ce cadre, que le Comité de Pilotage du GDR Vertige a choisi le Mal des transports comme thème de son Colloque des 23 et 24 Septembre prochains. Le Mal des transports correspond à un trouble fonctionnel vestibulaire bilatéral ou visuo-vestibulaire.
Le Dr Stéphane Besnard de l’Université de Caen a réuni un panel d’experts internationaux avec lesquels nous ferons le point sur les critères diagnostic du Mal des Transports. Sans nous détourner de l’aspect physiopathologique qui sera abordé, nous souhaitons présenter ses différentes variantes, du mal des simulateurs jusqu’au mal de « l’Espace ». Nous garderons une place importante aux thérapeutiques actuelles en particulier la rééducation et les futures contre-mesures. Nos orateurs nous apporterons une grande richesse en terme d’expertise, de point de vue, en combinant l’approche fondamentale, clinique et les problématiques professionnelles (industrie, réalité virtuelle).